Les extraterrestres manipulent-ils nos rêves ?
Posté par etaliens le 24 février 2018
Les activités du club d’astronomie de Tianjin
Approche des caractéristiques techniques des rêves
Le récit de jùn mǎ (俊 马)*
Voici une semaine, je recevais un courriel du Professeur Zhang He, Président du Club d’astronomie de Tianjin. Ce message était adressé à tous les membres du Club.
Cher membre,
Dans notre recherche d’une vie extraterrestre, nous devons envisager toutes les pistes même les plus curieuses. Au nombre de celles-ci, se compte le rêve, une matière confuse jamais exploitée par les astrophysiciens.
Peut être suis le premier à suggérer un lien entre deux univers en apparence si dissemblables ? Dans ce cas, je n’en suis pas fier.
Pourtant, je me lance. Je vous pose la question de but en blanc.
Des extraterrestres se répandraient-ils dans nos pensées nocturnes ?
Se jouant des lois physiques connues, nos rêves ne seraient-ils pas conditionnés par des ondes venues d’ailleurs ?
Dans un premier temps, je voudrais que chacun d’entre vous raconte ses rêves. Choisissez dix dont vous avez le souvenir. Jeter les en vrac. Evitez les effets de style. Ne vous relisez pas. Surtout n’en censurez pas le contenu. Quelques lignes suffisent.
Je vous prie de les adresser à Mlles Liu et Wang qui se chargeront de faire la synthèse.
Je vous propose d’en débattre la semaine prochaine.
Pourvu que la vérité apparaisse toute entière ! zhēn xiàng dà bái (真相大白).
Signé.
Zhang He
Instruire les rêves au regard de la thématique extraterrestre, voila une idée saugrenue !
Peu convaincu, au lieu de répondre, je vaquais à d’autres occupations.
Cependant, cette nuit là, mon sommeil fut chancelant. De curieuses images se bousculèrent dans ma tête somnolente. Tour à tour, emporté par un coup de vent, bientôt plaqué au sol. Plus tard, dans l’abime supportant un fardeau, étrangement indemne. Des rires, des voix, plutôt des silences.
Le lendemain, je griffonnai à la hâte ces histoires alambiquées, une prose décousue.
J’en adressai aussitôt le contenu à Mlle Liu en l’accompagnant d’un mot : « J’ai exécuté scrupuleusement les consignes du professeur Zhang He. Je crains que mon orgueil en soit défait. Junma ».
Une semaine après, je me rendais au Club d’astronomie, à l’université de Tianjin (天津大学) dans le quartier de Nánkai Qu.
Alors que l’ambiance est généralement chaleureuse et détendue, cette fois j’ai senti comme une gêne collective. Beaucoup fuyaient du regard Mlles Liu et Wang.
- J’espère qu’elles ne vont pas lire à haute voix mes élucubrations, murmure Ralph Anderson, le néo zélandais du Club. Au travers d’une lucarne lumineuse, je les ai entrevues dans des tenues avantageuses.
- Elles parcourent mes pensées depuis longtemps, ajoute Zheng Li, ingénieur studieux et d’ordinaire réservé. Dans mes rêves, j’ai deux épouses au lieu d’une. Je suis infiniment heureux !
Dans les représentations généralement admises, le rêve se formule comme l’accomplissement inconscient d’un désir refoulé.
- Dans ce cas, cette réunion est futile, me dis-je.
- Cher amis, s’exclame le professeur Zhang He, je suis heureux de votre présence. Je craignais que certains se fassent porter pâle. Je salue votre courage. Vous nous avez communiqué vos rêves sans la moindre retouche. Quelle incomparable matière brute ! Je suis rentré de plain pied dans votre intimité. Il n’y a pas un pour rattraper l’autre ! Vous êtes tous fous à lier ! Faut il en rire ou en pleurer ? (kūxiào bùdé).
Rires amusés dans la salle.
- Fou, je le suis plus encore ! J’ai enfreint toutes les règles de la prudence scientifique en vous invitant à prendre part à cet exercice. A ma décharge, une fable. Depuis la nuit des temps, elle remplit l’imaginaire du peuple chinois. Le Rêve du papillon, Zhuang zhou meng die[1]. Voilà l’histoire. Au 4ème siècle avant JC, Zhuāngzǐ, un philosophe de bonne composition flanche et s’endort. Il se rêve alors en papillon. Bientôt, il survole des fleurs, hume des senteurs. Il savoure son bonheur. Seulement voilà, à son réveil, un curieux sentiment l’habite. Il se demande si ce n’est pas plutôt le papillon qui a rêvé de lui. L’un, l’autre dans le même rôle. Zhuangzi comprend bientôt qu’il est l’acteur passif d’une scène qui le dépasse complètement. Pourquoi ? se demande-t-il. Chers membres du Club, essayons de lui apporter une réponse.
Mlle Liu prend place sur l’estrade. Visage contracté, elle lit mécaniquement un texte, la voix monocorde.
- Vos rêves racontent des histoires échevelées, irréductibles à toute logique. Beaucoup s’organisent autour d’un engrenage d’évènements enchevêtrés les uns aux autres. Des scènes d’action se suivent comme elles se superposent. Tout se joue en une fraction de seconde. Elles se déroulent rarement sur un plan unique, un lieu ou un paysage. Elles évoluent autour des champs de vue limités, troubles ou opaques. Cet environnement s’effiloche jusqu’au moment où le rêve se fissure.
Visage accablé, Mlle Liu se replie sur un ban. Mme Wang lui succède sur l’estrade, le sourire généreux. Nous respirons maintenant.
- Une première observation. Aucun de vous ne fait mention d’une rencontre avec un inconnu. Nulle silhouette étrange, nul personnage terrifiant dans vos rêves. Formulons cette idée. L’inconnu, ce peut être un extraterrestre. Comme le sujet a été maintes abordé dans le cadre du Club, il eut été logique que cette situation se présente. Pourtant aucun de vous n’a vécu une telle rencontre. Les extraterrestres ne se mettent pas en scène dans vos rêves pas plus que vous ne leur faites jouer un rôle. Le papillon n’est donc qu’un papillon, Zhuāngzǐ n’est que Zhuāngzǐ.
- Une seconde observation, poursuit-elle. Aucune évocation de vaisseau spatial dans vos rêves. Nulle fusée interplanétaire. Et cela ne vous perturbe aucunement. Dans vos rêves, vous volez dans le ciel, libre comme l’air. C’est comme un fait acquis.
- Cela montre à l’évidence que la piste extraterrestre est une lubie, s’exclame avec soulagement le professeur Liu. Comme ils n’existent pas dans la vie réelle. Ils existent encore moins dans nos rêves.
- Le raisonnement peut être retourné, fulmine Madame Zhao. Ils ne veulent pas se faire reconnaître dans la vie réelle, pas davantage dans les rêves.
- La raison ne réside-t-elle pas plutôt dans le fait qu’aucun d’entre vous ne croie à l’hypothèse extraterrestre ? suggère le professeur Zhang He.
D’un même élan, l’assemblée se lève pour signifier sa désapprobation.
- J’y crois dur comme fer ! s’exclame un participant.
- J’y crois aussi longtemps que je vivrai ! Claironne un autre.
- Trouver une vie extraterrestre, c’est l’essence même de ma vie ! assure un dernier.
- Je vous fais confiance, réponds Zhang He. Pour le philosophe Anxmandae de Leira, le rêve se comprend comme un « fameux désordre ». Attardons nous un moment sur les propriétés techniques de vos rêves.
Merveilleuse apesanteur
Me voilà, flottant dans les airs. Je remonte à la verticale des pics enneigés. Bientôt je survole des massifs montagneux, déjà l’océan. Un vent sec gifle mon visage. Je bascule dans le vide. Je me retrouve confiné à une chambre. Ce n’est pas la mienne. Je reprends les airs, j’entame des sauts vertigineux, j’enjambe une marée humaine. Un glissement, puis plus rien.
- Quel homme n’a jamais souhaité se libérer de la force gravitationnelle ? soupire Zhang He. La Terre est une contrainte. Pas toujours généreuse, lieu de désespoir parfois. Certains sont tenus dans les plis d’une vie qu’ils n’aiment guère. Survoler la terre, c’est comme nier un monde fini, le monde connu.
- Dans mes épisodes nocturnes, je voltige abondamment, remarque Mme Zhao. Comme cela m’intriguait, je me suis mis à calculer – autant que je le pouvais – la hauteur à laquelle j’évoluais. Je m’aventure entre 10 à 20 mètres, rarement au delà. Compte tenu de la gravité, je devrais m’effondrer dans l’instant. Pourtant, je me maintiens dans les airs.
Interprétation
- Loin des lois de physique connues, s’impose une piste. Nous précédant de millions d’années, voire plus, des extraterrestres auraient-ils déjoué la constante gravitationnelle ? L’attraction des corps massifs entre eux sous l’effet de leur masse serait-elle une variable parmi d’autres ? D’autres interactions fondamentales joueraient-elles favorablement ?
Des vitesses hors du commun
Comme un cheval céleste qui galope dans le ciel (tiān mǎ xíng kōng). Voilà qu’en l’espace de quelques secondes, je traverse un horizon sans fin. Soudain, je tombe en piqué vers un autre horizon sans fin. Ou le même. Je reprends ma route, déjà à l‘autre bout, J’accélère encore. La seconde d’après, je suis à l‘autre bout du bout. Je devance mon ombre.
- Dans nos rêves, nos mouvements sont marqués par des vitesses insaisissables, prolonge Zhang He. Alors que sur Terre nous ne maitrisons pas la vitesse de la lumière, vous vous accommodez de vitesse semblable ou supérieure.
- Comme Mme Zhao s’en est accompli pour mesurer son niveau d’élévation, j’ai cherché à connaître ma vitesse d’accélération. La méthode est simple. Tout juste réveillé, dans une précipitation absolue, je formule une équation. Il faut agir vite car la seconde passée, le souvenir de mon rêve s’effondre. Deux variables.
La distance parcourue.
Le temps du parcours.
Le verdict : J’évolue à une vitesse insensée ! En une fraction de seconde, je transperce une horde nuageuse. En une autre, je croise Saturne. A cela s’ajoute, des cascades aériennes. La vitesse s’en trouve démultipliée.
A ma connaissance, aucun engin spatial connu n’est capable de reproduire de telle vitesse.
Interprétation
En physique, la vitesse est une grandeur qui mesure le rapport d’une évolution au temps. Seulement voilà, dans nos rêves, l’embrouillamini des situations augmenté par notre faible capacité de mémorisation ne facilite pas la tâche de la mesurer.
Certains croient reconnaître dans ces vitesses insensées une volonté de surpassement, le cri d’une ambition jamais consolée. D’autres une fuite en avant loin des pâles réalités de la vie.
Préférons à ces explications d’ordre psychologiques, la piste Ovni. Beaucoup de témoignages – par exemple, ceux de pilotes de ligne ou de chasse – décrivent des engins évoluant silencieusement à des vitesses extravagantes.
Pareillement, dans mes rêves, le son des mouvements d’accélération semble étouffé.
Les ufologues ne s’y trompent pas.
L’enjeu de la vitesse constitue le point essentiel de la recherche sur les ovnis. Des physiciens s’en sont mêlés, notamment, notamment, au regard de la piste magnéto hydrodynamique.
Vient cette assertion. Les extraterrestres s’emploieraient à glisser subrepticement dans nos cerveaux des ondes dont la vitesse d’accélération ne serait pas mesurable.
Une course folle, un bal céleste.
Tel un rappel à l’ordre.
Le temps diurne est celui de la vie sur Terre.
Le temps des rêves est celui de l’inconnu, d’un monde ailleurs.
Epoustouflante énergie
Je déploie une force démesurée, une force que je n’ai jamais ressenti autrement. Je me sens capable de tout. Rien ne semble me résister. J’en éprouve un sentiment de puissance. De la peur aussi, une insondable peur.
Dans les rêves, nous développons une énergie hors du commun nullement réductible à notre condition d’homme.
Presque une force herculéenne.
Là encore, la piste Ovni est pertinente. Seule une source d’énergie inconnue sur Terre est en mesure d’expliquer les vertigineux déplacements des ovnis.
Cette énergie soulève une question.
Si d’aventure des vaisseaux spatiaux sont habités, pour survivre, leurs passagers devraient disposer d’une protection « phénoménale » adaptée à leurs organismes. Une équation presque insurmontable qui suggère l’idée que les ovnis seraient des machines téléguidées tels des drones. Autre hypothèse : des robots seraient à leurs commandes.
Heureusement, dans nos rêves, nulle inquiétude ne nous habite.
Malgré cette énergie, nous nous trouvons dans un état semi comatique qui nous protège.
Vient une question troublante : comme nous ne disposons pas en nous même d’une telle énergie naturelle, serions nous possédés par une force venue d’ailleurs ?
D’où vient cette capacité à survoler les espaces, à fendre les distances ?
Téléportation
Je suis dans une chambre. Aussitôt dans une autre. Déjà sur un promontoire. Des palétuviers, des chênes. Je vogue encore dans le ciel, sur un lac. Assis, sur une route. Je passe de l’un à l’autre sans attendre, immédiatement.
- Dans nos rêves, nous nous dématérialisons sans peine, remarque Zhang He. D’ailleurs, nous le faisons si bien qu’il nous arrive de nous téléporter plusieurs fois dans une même séquence.
- Bienheureux songe, proclame le Professeur Liu mais qui ne repose sur du vide.
Interprétation
La téléportation se comprend comme le transfert d’un corps dans l’espace sans parcours physique entre les points de départ et d’arrivée.
A ce jour, cette idée est inconcevable. Seuls des moyens technologiques avancés pourraient peut être y répondre. Les techniques en jeu reposeraient sur des concepts hautement théoriques comme l’exploitation de l’énergie du point zéro, la déformation localisée de la courbure espace-temps en vue de la création d’un trou de ver et la modification de constantes telles la permittivité du vide et la vitesse de la lumière.
Cette dernière observation présentée, le professeur Zhang He a clôturé la session du jour.
A ses cotes, Mlle Liu et Mlle Wang, l’une compassée, l’autre tout sourire.
Plus loin, Taozi, la belle Taozi, ce soir là, silencieuse.
Déjà dans mes rêves, des secondes de douce éternité.
[1] 庄周梦蝶
Publié dans Le rêve et l'extraterrestre, News, Rêver d'extraterrestre | Pas de Commentaire »