La Terre vacille
Le tremblement de terre sous marin du 26 décembre 2004 annonce-t-il des catastrophes effrayantes ?
Fort d’une magnitude de 9 sur l’échelle de Richter, le tremblement de terre sous marin au large de l’île de Sumatra a provoqué un raz de marée effroyablement destructeur. Selon l’Institut géologique américain (US Geological Survey), la terre aurait vacillé sur son axe en raison de la quantité massive d’énergie dégagée. Même si ce commentaire mérite d’être confirmé, le séisme du 26 décembre 2004 ne doit pas être sous estimé.
L’origine probable du trouble
Si les activités de l’Homme participent de la dégradation climatique terrestre, demeure un curieux parti pris de croire à une certaine stabilité de la Terre sur le plan naturel autour de ces points d’ancrage : neutralité du noyau terrestre, évolution normale de l’astre dans son orbite, maintien du rôle joué par chaque corps céleste selon les lois de l’attraction universelle. Or, rien n’autorise de penser que ce fragile équilibre puisse durablement se maintenir, comme, par exemple, l’activité du noyau, tourbe effroyablement menaçante !
Loin d’être un long fleuve tranquille, la terre est un des corps les plus actifs du système solaire dont l’activité est erratique et imprévisible. Ne faut-il pas se souvenir que la Terre a doublé de volume entre l’ère primaire et l’ère quaternaire ? À l’exception d’Io, satellite de Jupiter, c’est la seule planète du système solaire possédant des volcans actifs. Or l’activité volcanique et sismique terrestre est indissociable du mouvement des plaques, celle-ci étant à son tour inséparable de la vie interne du noyau terrestre. Que se passe-t-il exactement sous terre ? A-t-on seulement idée que l’on se trouve juché sur un réacteur nucléaire ? Dans le noyau interne, les températures peuvent atteindre 6 650° Celsius. D’après les scientifiques, la source de cette chaleur provient de l’énergie libérée par la désintégration radioactive de l’uranium et d’autres éléments radioactifs. Des mesures effectuées à vingt ans d’intervalle montrent des variations sensibles à la surface du noyau, à 2 900 km sous terre. Des courants de convection au sein du manteau transfèrent la majeure partie de cette énergie calorifique du noyau de la Terre vers la surface. Si la chaleur interne du noyau ne se répartit pas correctement, tout devient instable et se traduit par l’émission de matière brûlante en direction de la croûte terrestre. Ces flux de chaleur favorisent des fractures de la croûte terrestre provoquant des réactions en chaîne : dérive des continents, bousculement les plaques tectoniques, propagation d’ondes sismiques et éruptions volcaniques.
Quelles conséquences ?
L’activité incessante du noyau pourrait affecter les paramètres orbitaux* de la Terre.
Des modifications géométriques même infimes des paramètres orbitaux peuvent conduire à des variations drastiques de la quantité de lumière solaire captée par la Terre. Selon la théorie énoncée par Milankovitch, ces bouleversements pourraient induire des évolutions climatiques dramatiques à l’échelle du temps. Des variations d’insolation seraient ainsi responsables des bouleversements climatiques de la planète, notamment, de la succession des cycles glaciaires et interglaciaires du Quaternaire.
Evoluant actuellement en période interglaciaire, la Terre a connu sa dernière période glaciaire voici 20 000 ans. Face au bousculement des paramètres orbitaux, pourrait-on entrer plus rapidement que prévu dans une phase de glaciation ? Si le risque est insignifiant, il existe néanmoins avec pour conséquences : une température plus froide, la présence d’une calotte glaciaire compacte en Europe du Nord et en Amérique du Nord. D’année en année, la neige tombant sur ces régions, ne fondrait pas, formant des calottes de glace. Cette situation tarirait alors toutes les formes dynamiques de vie dans l’hémisphère nord.
Un cas encore plus extrême pourrait même se présenter. Chahuté par les mouvements invraisemblables du noyau de la Terre, l’axe de la Terre ne trouverait plus sa ligne de mire, s’égarant alors dans tous les sens. Paralysée par ces incontrôlables changements, la température sur terre d’environ 15°C s’en trouverait ainsi affectée, la vie y devenant incertaine.
La terre pourrait connaître un retournement de son champ magnétique.
La terre est entourée d’un champ magnétique, la magnétosphère, s’étendant sur des milliers de kilomètres dans l’espace. Celle-ci se présente la forme d’une goûte d’eau allongée orientée vers le Soleil. La magnétosphère, c’est protège la Terre du vent solaire. Or le champ magnétique terrestre est inséparable des mouvements fluides à l’intérieur du noyau. Ces courants de convection brassent et relâchent en permanence la chaleur interne provenant de la radioactivité naturelle profonde. Une intense activité pourrait favoriser un retournement, voire une inversion magnétique : le pôle nord passant au sud, sachant qu’un tel évènement n’a pas eu lieu depuis 780 000 ans.
Un continent pourrait être englouti.
Lors d’un essai nucléaire effectué par la Chine en 1993, une image tridimensionnelle a été réalisée de l’intérieur de la terre. Certains chercheurs ont cru alors déceler les morceaux d’un ancien continent englouti qui flotterait à la surface du noyau. Il proviendrait de l’activité de la tectonique des plaques, une plaque aurait plongé sous l’autre pour enfin se désagréger dans le manteau. Si cette hypothèse était confirmée, cela impliquerait que certains fragments terrestres ont plongé à 2 900 Km de profondeur !
Conclusion
Nombreux sont les scientifiques qui soulignent que les modifications des équilibres terrestres s’inscrivent sur de très longues durées, pratiquement imperceptibles à court terme. Souvent, les politiques s’abreuvent du commentaire, oubliant les dangers, privilégiant les choix à court terme, notamment, la manne économique. Cet état d’esprit, relayé par une palpable négligence, a conduit directement à un surcroît de morts lors du tremblement de terre du 26 décembre 2004. Mieux vaut donc parler frontalement des risques pour in fine diminuer le coût humain des inéluctables catastrophes à venir.
François de la Chevalerie
etaliens.com © copyright